Nous avons eu l’immense plaisir de rencontrer Valérie Collymore, peintre de grand talent, spécialisée dans la peinture impressionniste.

Depuis quand êtes-vous installée à Seattle ?

Je suis arrivée à Seattle en 2002. Après des études de médecine à New York, mon mari et moi sommes partis habiter en Californie, où sont nées mes filles, puis à Denver, puis Seattle.

Avez-vous exercé la médecine ? Qu’est-ce qui vous a orienté vers la peinture ?

Je suis médecin de formation et j’ai exercé en tant que pédiatre dans de grands hôpitaux. J’ai abandonné la médecine pour me consacrer à l’éducation de mes filles (l’une est devenue pianiste concertiste et la 2ème a exercé le volley-ball à un très haut niveau). Cet arrêt dans ma carrière a duré 17 ans.

En 2008, après le départ de mes filles, j’ai voulu me remettre à travailler. La raison me poussait vers la médecine. Après un an de tergiversation, j’ai refusé un poste au Seattle Children’s Hospital : une voix intérieure me poussait vers l’art, qui me passionnait et mon entourage m’encourageait à suivre cette voie.

Déjà enfant vous étiez attirée par l’art ?

J’étais une enfant artiste, j’ai toujours dessiné. Nous avons déménagé dans le sud de la France et là, ma mère a évolué dans le milieu artistique. Elle aimait emmener les peintres qui venaient visiter la région dans les endroits où avaient vécu Renoir ou Cézanne. Je les suivais… En côtoyant des artistes, ma mère est devenue artiste elle-même, a exposé au casino de Monte Carlo. J’étais à ses côtés lorsqu’elle peignait à la gouache en plein air.

A la mort de mon père, nous n’avions pas grand-chose pour vivre et ma mère nous a poussé à faire des études supérieures. Je suis alors partie à New York faire des études de médecine. Quatre ans plus tard, j’intégrais l’université de Columbia.

Vous avez décidé de vous consacrer à la peinture en 2008, pouvez-vous nous en dire plus ?

Une amie m’a fait franchir le pas en m’entrainant dans un petit club à Seattle. Je n’étais pas du tout convaincue mais je me suis laissée entrainer. Je pensais ne pas y retourner, j’ai pris des leçons et dix ans après j’y enseigne !

La première fois, j’ai ressenti quelque chose de très fort ! J’étais incapable de toucher un pinceau, je n’ai pas bougé. Je discutais avec les autres en essayant d’ignorer mes émotions. La deuxième fois, je me suis lancée, j’ai posé le pinceau sur la toile et je ne pouvais pas arrêter de peindre. Ce fut une révélation. La professeure était sidérée !

J’ai vite compris que les gens étaient là pour se faire plaisir mais pas moi. C’était trop intense ! J’ai pris l’avion et je suis partie étudier auprès de six des plus grands impressionnistes américains, dont les artistes Charles Warren Mundy et Daniel Gerhartz.

A quel moment avez-vous commencé à enseigner la peinture ?

J’ai commencé à donner des cours de peinture en 2012. Un grand maitre m’a dit un jour : « il faut enseigner » mais je ne pensais pas du tout être prête pour l’enseignement. Après un an de préparation, une amie médecin m’a demandé d’être sa professeure : ce fut ma première élève, j’en ai presque 400 aujourd’hui. J’avais mon propre atelier à Pioneer Square à Seattle, je peignais, je vendais et j’enseignais.

Pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’impressionnisme ?

J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans le sud de la France. Ma mère a donc eu l’occasion de nous emmener dans tous les musées d’art d’Europe pendant nos voyages d’été. Nous avons souvent eu des pique-niques et des expériences de peinture en plein air dans des endroits fréquentés par des maîtres impressionnistes français tels que Renoir ou Cézanne.

Les paysages de Saint-Rémy de Provence, de Saint-Paul de Mausole sont pour moi une source d’inspiration. Je suis très sensible à la peinture de Van Gogh et c’est en visitant les lieux qui lui sont chers que j’ai compris petit à petit sa manière de peindre (exprimer le mouvement dans des paysages). J’aime être une détective, regarder de manière scientifique ce que font les impressionnistes, surtout Van Gogh, Cézanne, Monet et Renoir. J’essaye de deviner comment ils ont peint. C’est cette analyse scientifique de la peinture des grands maîtres que j’arrive ensuite à enseigner à mes élèves. Je transmets et partage ce que j’apprends auprès de mes élèves, comme je le ferais dans le domaine de la médecine.

J’utilise également dans l’enseignement toute la psychologie acquise pendant mes études de médecine, en aidant mes élèves à surmonter leurs peurs et leurs frustrations, en les poussant à oser apporter de la joie à ce processus de création.

Avez-vous essayé d’autres styles de peinture ?

Dans le passé, mes peintures se conformaient à un style beaucoup plus graphique et réaliste, et j’utilisais principalement des peintures à la gouache et à l’aquarelle. J’ai beaucoup aspiré au style de peinture impressionniste et je serais toujours très reconnaissante au grand peintre CW Mundy de m’avoir enseignée ce style, grâce à son enseignement.

Vous peignez des paysages du sud de la France, chers à votre enfance. Peignez-vous aux Etats-Unis ?

Au début de ma carrière professionnelle, j’ai peint des paysages du nord-ouest, j’étais membre d’un groupe de peintres en plein air. Une fois la décision de ne peindre que des scènes pour lesquelles j’ai une passion et un attachement profond, je suis revenue sur les paysages du sud de la France. C’est aussi ma façon de me sentir toujours en France. J’aime beaucoup peindre des paysages de la Côte d’Azur et de la Provence, des villages français, les mémorables falaises calcaires des calanques de Cassis, les régions préalpines de la Haute-Provence, le Luberon… ces lieux me sont très chers.

Je pense qu’un peintre doit rechercher et trouver des sujets qui le fascinent, qui lui tiennent àcœur, qui ont un sens pour lui. Souvent, ces passions viennent de l’enfance.

Pendant mes cours et mes ateliers, nous travaillons à renouer avec ces passions anciennes et cela nous permet de retrouver le pur plaisir de l’art. Avec passion, soutien et un enseignement efficace qui lie tous les points, tous nos travaux deviennent plus faciles et la peinture devient tout simplement un plaisir.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les expositions et les cours que donne Valérie Collymore :

 https://valeriecollymore.com/

https://www.fountainheadgallery.com/La rédaction