La première phrase qui apparait lorsque vous entrez au sein de la Fondation Gates est la suivante :
« At the Gate Fondation we believe every person deserves the chance to live a healthy, productive life.”

Cette phrase est le cœur de la démarche de Bill Gates et de son épouse Melinda.
L’esprit de la Fondation :
Toute personne, quelle qu’elle soit, devrait avoir la chance de vivre une vie saine et productive. Le terme « productive » est peut-être étonnant mais c’est l’un des déterminants d’une qualité de vie. Si chacun nait avec la même opportunité de pouvoir contribuer à être autosuffisant pour lui-même, ne pas dépendre des autres, être productif et pouvoir aider les autres, c’est un facteur de développement et de dynamique, qui commence par la plus petite entité de la communauté, qui est la notion de famille.
La Fondation travaille beaucoup avec la notion de communauté, la communauté commence par une famille, par le village, par le district et la première personne à impliquer dans la santé des gens, est le responsable de la communauté, qu’il soit chef de famille, chef de village, maire d’une ville ou d’un village, que ce soit le préfet d’une province, etc. Cette personne a pour responsabilité de s’occuper de la santé des gens via les infrastructures, l’accès aux soins, l’accès à une nourriture saine, l’approvisionnement en fruits et légumes, etc.

La fondation veut créer un écosystème
Bill Gates parcourt le monde, rencontre les chefs d’états, les ministres, les chefs de communautés, les chefs de villages, la banque mondiale et les investisseurs privés…Bill Gates mobilise les décideurs et incite les investissements, met en place une organisation qui sera viable et pérenne même quand la fondation ne sera plus. Et c’est pourquoi Bill Gates co-investit, co-finance. Là où il donne 1 dollar, les autres doivent donner autant si ce n’est plus. La décision d’investir n’est jamais prise seule. Autour de la table, il y a les pays, les gouvernements ou les investisseurs et surtout les personnes responsables localement. Car rien n’est investi sans la certitude que cela aura réellement un impact, un résultat, et que les bénéficiaires de l’engagement sont bien autour de la table décisionnaire eux-mêmes. L’investissement n’est pas que financier, il est moral.

La réussite d’un programme ne relève pas simplement que d’un problème de santé.
1 500 personnes travaillent à Seattle. La Fondation a également des bureaux d’une vingtaine de personnes à Washington, à New Deli, au Nigeria, à Pékin et bientôt à Berlin.
Qui sont ces personnes ? Des experts et spécialistes qui définissent des « gaps » c’est-à-dire qui identifient des lacunes et des failles qui sont les raisons fondamentales (‘root cause’) des problèmes de santé ; ces experts co-inventent et co-designent des interventions et les mettent en œuvre à travers un système de Grants. Une autre question leur est toujours posée : a-t-on choisi la meilleure idée et la plus adaptée aux conditions locales ?
Après identification de ces « gaps », les gestionnaires financiers interviennent. Les subventions sont l’affaires des partenaires internationaux dans les pays qui vont être impliqués.
Il y a en effet une corrélation directe entre les compétences managériales et la réussite d’un programme.
Le bon management sauve des vies, il faut donc maitriser intégralement la logistique, la planification, le budget, la gestion des équipes.

La fondation ne donne pas si elle ne peut pas vérifier et évaluer.
Il y a dans la Fondation une démarche de retour sur investissement : quel est l’impact de chaque programme et comment le mesurer (ce qui n’est pas le cas de toutes les organisations philanthropiques).
Bill Gates veut rendre responsables les dirigeants des pays impactés par ces maladies, il exige donc qu’ils aient une ligne de budget, même minime. Il faut pouvoir dire que les impôts sont utilisés à bon escient et que cela a un impact sur la santé des personnes.
Autre exemple, le financement de la vaccination qui est un des programmes les plus réussis des engagements de la fondation. Dans les pays en voie de développement, ce sont les maladies infectieuses qui tuent le plus. Malaria, paludisme, tuberculose et maladies tropicales négligées.
En 2000, Bill Gates a voulu contribuer à résoudre l’accès aux vaccins. Il s’implique dans l’organisation GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization) dédiée à la vaccination des enfants. Il décide d’investir 750 millions de dollars et donne 2 ans pour régler le problème puisque l’argent est là.

En 2002, il apprend que seuls 250 millions ont pu être dépensés. Il faut en effet 18 mois pour faire un vaccin, il faut des capacités et des sites de production plus importants, des chambres froides plus grandes dans les aéroports, des camions frigorifiques pour transporter les vaccins, des frigidaires, des seringues, et bien sur des infirmiers, et des mamans avec leur enfant dans les salles d’attente…ce ne sont pas les vaccins qui coutent le plus (environ 5 à 12% du coût de la vaccination), c’est tout le reste !
Une bonne illustration que la solution simpliste (l’argent ou le « magic bullet ») n’existe pas ; il faut repenser le problème d’accès au médicament dans sa globalité. Le financement de GAVI a donc été reconçu pour adresser ces autres composants. Aujourd’hui, on sait que 900 millions d’enfants supplémentaires ont eu accès a un vaccin grâce à GAVI, ce qui correspond a plus de 12 millions de morts évitées.
Lorsque la Fondation décide d’un programme elle entend donc bien le régler de A à Z. Pour régler des problèmes de nutrition ou de santé maternelle et infantile (qui sont les objectifs premiers), la Fondation réunit non seulement le corps médical ou le ministère de la santé mais aussi les ministères de l’agriculture et de l’environnement. L’accès à l’eau potable, l’apport en protéines et en glucides dans les aliments, la formation d’agents communautaires chargés de l’éducation des femmes dans les villages, tous ces points sont aussi importants que la découverte du meilleur médicament.

La fondation aux Etats-Unis.
Le Fondation, pour être reconnue d’utilité publique, doit avoir un impact aux Etats-Unis. Le programme américain s’est focalisé sur l’accès dans les bibliothèques à l’informatique et sur l’éducation des prisonniers. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que cette 2ème initiative est auto-suffisante, c’est-à-dire que les premières personnes qui ont bénéficié de ce programme sont aujourd’hui les cadres de l’organisation. C’est un vrai gage de pérennité et de mise à l’échelle.
Tout programme décidé dans le cadre de la Fondation doit comporter un programme de sortie, une « exit strategy ». La Fondation a pour mission à terme de ne plus être.

Le Discovery Centre est gratuit. La visite est accessible à tous les âges grâce aux explications détaillées, aux films, à l’approche ludique de la description des programmes.