La 45ème édition du Festival international du film de Seattle (SIFF) se tiendra du 16 mai au 9 juin 2019 et le programme du SIFF vient juste d’être dévoilé. Nous avons eu la chance de rencontrer Justine Barda, programmeuse principale au SIFF, qui a eu la gentillesse de répondre à nos questions.

Quel est votre rôle au sein du SIFF ?
Je suis programmeuse au SIFF et travaille avec le festival depuis 2008 ; je programme des films en provenance de France, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord et suis particulièrement intéressée par les films français. Sans doute parce que j’ai des origines françaises, par mon père, et parce que j’ai de la famille en France où je passe beaucoup de temps.

Pourriez-vous nous parler de l’histoire et de l’organisation du SIFF ?
C’est la 45ème année du festival, qui est le plus grand festival de films aux États-Unis. Nous projetons environ 400 films de 85 pays, soit 240 longs métrages et 160 courts métrages chaque année. Nous avons un public d’environ 140 000 personnes.

Nous avons également 18 sections dans le festival qui couvrent de nombreux sujets tels que le cinéma mondial contemporain, des films pour la famille, la « Future Wave » (programme pour les jeunes spectateurs), le cinéma alternatif, le cinéma culinaire, etc. Et nous avons les différentes compétitions pendant le festival qui incluent :

  • La compétition principale
  • La compétition des nouveaux réalisateurs (ayant réalisé un ou deux films)
  • La compétition sur le nouveau cinéma américain
  • Deux compétitions de documentaires
  • La compétition de courts-métrages
  • La compétition du public « Golden Space Needle Award »

Quels sont les lieux de projection du SIFF ?
Le SIFF fonctionne toute l’année. Nous exploitons 3 cinémas dans la région de Seattle : le cinéma Uptown dans le quartier de Queen Anne, l’Egyptian Theater de Capitol Hill et le centre de production cinématographique du SIFF.
Nous produisons également des mini-festivals tout au long de l’année. Certains d’entre eux sont produits par nous-mêmes, d’autres en collaboration avec des groupes et des communautés.
French Cinema Now, en octobre, est l’un de nos mini-festivals, que nous produisons nous-même.

Combien de personnes travaillent chaque année et pendant le festival ?
Nous avons 35 personnes à l’année pour l’organisation puis, lorsque nous approchons du festival, nous recrutons du personnel saisonnier (150 personnes) et environ 700 de bénévoles. Le personnel de la programmation, par exemple, travaille 6 mois par an. Nous commençons en décembre et travaillons jusqu’en juin.

Pourriez-vous nous parler du festival international du film de Toronto et d’autres festivals qui ont des liens avec le SIFF ?
Toronto est un endroit formidable pour trouver des films à projeter à Seattle. C’est le début de notre saison de programmation, plusieurs membres du personnel de la programmation se rendent au festival.
Nous avons ensuite Berlin, en février, le dernier grand festival où nous nous rendons, afin de connaître les grandes nouveautés. Pour Cannes, nous sommes malheureusement en conflit sur les dates, mais cela nous donne des idées pour l’année prochaine. Venise se déroule en même temps que Toronto, nous préférons cependant aller à Toronto car c’est plus proche, et ce festival présente beaucoup de titres américains. C’est un festival qui a pris beaucoup d’importance depuis 10 ans.

Comment le SIFF est-il financé ?
Nous sommes une organisation à but non lucratif, nos revenus proviennent de la vente de billets à l’année, pendant le festival, des ventes de pass cinéma, des partenariats, des dons, etc.

Comment les films sont-ils sélectionnés ?
Il y a différents moyens de sélectionner un film. Les réalisateurs, distributeurs ou agents peuvent soumettre des films au SIFF que nous regardons et que nous évaluons. Ou bien, les programmeurs comme moi se rendent dans les festivals et nous recherchons de nouveaux films, de grands films à projeter au SIFF. Quand je vais à Toronto ou à Berlin, je fais la liste de tous les films de ma région et les regarde. Nous lisons également des magazines spécialisés comme Variety ou Hollywood Reporter pour suivre les films et nous communiquons régulièrement avec des producteurs, des agents de vente, des organisations comme Unifrance, etc.
L’objectif est de proposer un programme diversifié à notre public. Pour les films français, par exemple, nous en avons une vingtaine, une majorité de longs métrages narratifs, mais aussi des films pour la section jeunesse, le cinéma culinaire, des documentaires, etc. Nous essayons de montrer différentes perspectives de la culture française.

Combien de personnes attendez-vous cette année ?
Le Festival existe depuis si longtemps, c’est un événement bien établi et nous attendons environ 140 000 spectateurs cette année.

Quelle est la particularité de la programmation de cette année ?
Le programme vient de sortir et je vais vous parler de certains de mes films français préférés : Doubles Vies, d’Olivier Assayas. C’est une comédie dramatique. Le personnage principal, interprété par Guillaune Canet, est un rédacteur en chef réputé d’une maison d’édition qui tente de moderniser son entreprise. Le film parle du ressenti des gens face à l’importance croissante du numérique. Juliette Binoche fait également partie de la distribution. C’est intelligent, les dialogues sont très bons, c’est drôle, c’est un film sur les idées, et Juliette Binoche est une grande actrice ! Je suis enthousiasmée par ce film-là.
Les Invisibles, de Louis-Julien Petit, est un autre film que je trouve très intéressant. C’est un drame social sur les femmes sans abri en France. C’est aussi une sorte de comédie, pas aussi déprimante que ce que le sujet peut vous faire penser. C’est un film avec beaucoup d’art qui est devenu une surprise au box-office en France. Il est sorti en janvier et a fait à peu près un million d’entrées. Le réalisateur a trouvé un moyen de traiter le sujet de façon à séduire le public et non à l’effrayer.
Il y a deux actrices connues Audrey Lamy et Noémie Lvovsky. Il y a aussi beaucoup d’amateurs qui jouent, les femmes sans abri sont jouées par des femmes elles-mêmes sans abri.
Nous aurons un nouveau film : L’Homme Fidèle, de Louis Garrel, son deuxième film en tant que réalisateur. Lui-même joue dans le film avec Laetitia Casta (ils sont mariés dans la vie comme à l’écran). Le film parle d’amour et des relations d’un homme avec les différentes femmes de sa vie.

Nous avons une série intitulée « Fashion films Fridays », des films sur la mode, proposés, pendant le festival, au cinéma de Pacific Place, chaque vendredi à 16 heures. Cette année, 3 de ces films sont français, l’un sur Yves Saint-Laurent et un autre sur Jean-Paul Gaultier.

Combien de films ont été sélectionnés cette année ?
Environ 400 films ont été sélectionnés cette année dans 85 pays, dont 20 en provenance de France (dont 10 longs métrages narratifs).

Quels cinémas de Seattle et des environs projetteront les films ?
Les films seront projetés dans les 3 salles du SIFF, mais aussi à Lincoln Square à Bellevue et à North Seattle pendant une semaine. Nous recherchons des lieux où nous pensons pouvoir atteindre un public, puis nous négocions ensuite avec ces sites.

Quels sont les principaux événements prévus autour du festival cette année ?
Il y a les soirées d’ouverture et de clôture au McCaw Hall, la soirée d’ouverture à Kirkland, nos soirées du samedi soir, le « centerpiece Gala »et bien d’autres encore.

Pourriez-vous nous parler des invités spéciaux qui participeront au festival ?
Nous accueillons des personnalités du cinéma, nous apprécions cette opportunité pour le réalisateur et les acteurs d’interagir avec le public, cette interaction est une priorité pour nous. Cela contribue à l’attractivité du SIFF.

Le réalisateur Lynn Shelton et l’acteur Marc Moran seront présents à la soirée d’ouverture pour présenter leur film Sword of Trust.

Nous vous remercions.

Propos recueillis par Emmanuelle and Ariane